Zeb
Zeb, de son vrai prénom Eusèbe Trinquart, est un homme dans la quarantaine avancée, massif, râblé, marqué jusqu’au cuir par des années de vol spatial, de tracas mécaniques et de silences têtus.
Il a le dos large, les épaules usées comme une vieille coque de cargo, et le ventre légèrement bombé d’un homme qui ne court plus depuis longtemps — mais qui peut encore soulever une caisse de plasma à bout de bras si besoin.
Son visage est taillé dans une matière rugueuse : front bas, sourcils broussailleux, mâchoire carrée. Une barbe mal entretenue, sel et poivre comme ses cheveux, garde toujours des miettes de soudure ou des traces de cambouis. Il ne la rase pas, il l'oublie.
Ses yeux, couleur métal sale, sont souvent plissés comme s’il jugeait le monde au travers d’un filtre de sarcasme et de lassitude. Mais parfois, furtivement, une étincelle s’y allume — brève, douloureuse, humaine.
Il porte toujours la même veste de vol élimée, dont la doublure part en lambeaux, et des bottes qui ont connu plus de soutes que de planchers propres. À sa ceinture pend un vieux casque de pilote cabossé, qu’il n’utilise plus que pour faire taire les contrôleurs aériens.
Zeb marche lentement, comme s’il économisait chaque pas. Il parle peu, grogne souvent, et peste dès qu’il doit changer une pièce sans outil adapté. Il connaît son vaisseau comme un marin connaît sa coque — chaque vibration, chaque caprice, chaque gémissement de métal sous pression.
Il ne croit plus en grand-chose, surtout pas aux causes, encore moins aux idéaux. Mais il a une règle : il ne laisse pas tomber ceux qui ont besoin d'aide.
Zeb n’est pas séduisant. Il est usé, fermé, peu aimable — et pourtant, quelque chose en lui, dans la façon qu’il a de poser une main sur une épaule sans rien dire, ou de rester debout toute une nuit près d’un sas, rappelle ce qu’est un véritable pilier. Un roc.
Un homme qu’on oublie de regarder… jusqu’à ce qu’il encaisse pour vous.